Trio Musique, Poésie et Photos
Mercredi 22 novembre 2017, au restaurant le Qu4tre de Vannes en collaboration avec la librairie voisine Le Silence De La Mer, des extraits de mon recueil de poésie L'intime étranger ont été choisis et lus par des invités amis et comédiens. Mickaël Jéhanno est venu avec sa guitare ponctuer les lectures de chansons issues du répèrtoire de la chanson française. Les murs du restaurant ont pour l'occasion accueilli une exposition de photos de Marine Petit (auteur de la couverture du recueil) sur le thème de l'intime étranger.
Cette soirée a été rendu possible par l'enthousiasme dynamique et bienveillant de mon amie Jocelyne Pelletier, merci Jocelyne!!
Extrait vidéo de la soirée, La javanaise par Mickaël
Je joins les deux textes de présentation de René Monfort et de Jocelyne Pelletier qui ont été lus par leur auteur durant la soirée.
Les photos de Marine par Thierry Monfort
Ecce homo… Voici l’homme… L’homme seul. Il marche ou du moins semble plutôt se mouvoir dans
l’océan de ses pensées… Absence de lumière sur son visage, tête couverte, il en devient presque un
point aveugle qui focalise notre attention. A t-il simplement un but, une destination ? Son
nomadisme, arabesque indicible, épouse sa trajectoire au gré de ses pérégrinations comme autant
de chorégraphies improvisées. Poète de l’errance, « il a perdu son nom, son histoire. Il n’a plus de
mots, plus d’images ». La rencontre avec l’Autre, inopérante est porteuse de cet ailleurs si proche et
si lointain, qui ne cesse de se dérober à sa quête.
Un homme, vraiment ? Rien de fait ne permet de l’affirmer. Il avance visage masqué, le plus souvent
de dos, insaisissable vagabond de l’âme aux semelles de vent. Nous le savons, les femmes aussi
portent chapeaux et longs manteaux noirs, parfois. Ceux des hommes, le cas échéant.
Les photographies de Marine interpellent par le simple fait qu’elles peuvent s’interpréter via le
vertige ineffable que suscite l’effet trompe l’œil ; renversement abyssal de perspective. Autrement
dit, et si finalement, ce marcheur n’était pas un homme, mais une femme. Ou plus précisément, s’il
était l’esquisse d’un questionnement essentiel, à savoir : « Qu’est-ce qu’une femme ? » Mais plus
encore : « Qu’est-ce que la féminité ? », et pourquoi pas : « Qu’est-ce qu’une femme pour un
homme ? »
Ainsi, par le truchement de l’image, celle d’un homme en apparence, captif tout autant de ses
propres pensés que d’une profondeur de champ qui l’enserre et ne cesse de le happer, Marine
suscite notre pulsion scopique et notre désir. Chemin faisant, elle use du voile comme d’une
métaphore sur le désir qui est toujours in fine désir de l’Autre. Dès lors, la femme se présentifie par
son absence, et en cela, Marine révèle l’étrangeté de « l’intime étranger » en chacun de nous ;
savoir insu qu’est l’inconscient.
La poésie de Laurent par Jocelyne Pelletier
Je vous invite à lire les poèmes de Laurent Prouff où les mots sont bourrasques et se déchainent, où les mots sont ruissellement et cascades, et coulent comme des torrents furtifs et tempétueux, insaisissables. Ils sont aussi boites creuses qui, telles des matriochkas s’emboitent, s’articulant pour constituer une nouvelle grammaire, nous précipitant, à notre corps défendant, grâce à des chutes improbables, dans les abysses de l’indicible et de l’irreprésentable.
La poésie de Laurent nous emporte sans que nous sachions où nous serons débarqués
Que faire, sinon s’abandonner aux manèges de cette fête foraine des mots, qui nous donnent le vertige, qui nous enchantent et débusquent, malgré nous, notre sensibilité puis soudain nous quittent, nous laissant seuls face à un nous-même étranger.
Cette soirée a montré, par la diversité des poèmes choisis, l’extrême singularité des sensibilités que le poète a touchées. Chacun y a reconnu sa question.
Pour ces révélations imprévisibles Laurent merci.